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2014

lecture (forme mouvante)

C’était au moment où je lisais l’invention du verre, et c’était déjà bien longtemps avant aussi.

Ça avait commencé avant moi.

 

Il y avait un espace à garder pour elle, c’était une des deux seules choses dont j’étais sure à propos de cette pièce ; il fallait qu’elle soit là, qu’importe (peut être) sa forme, car sans doute, elle n’en aurait pas.

Pas physiquement.

La deuxième chose, c’était son titre : Privilège.

Comme le privilège des mille degrés des bouilleurs de cru. Comme son abolition.

Comme quand les choses disparaissent, quand elles ne veulent plus se donner à voir. Ce n’est pas si grave après tout, elles auront fait leur temps, et puis elles auront passé. Qu’importe qu’on cherche à conserver leur trace entre les deux faces d’une feuille de papier, à créer de fausses reliques, du décor.

Futur, faux-ancien, fugitif.

Malgré tout le mal qu’on se donne pour ça, on ne peut pas anticiper la perte, ce serait trop simple.

Il y a des choses qui sont hors de soi, hors de l’entendement, hors d’un contrôle quel qu’il soit, simplement parce que le temps passe.

Ça a commencé en 1960.

Je ne sais pas quand est ce que ça finira, qui sera le dernier.

Il y en aura un pourtant.

 

Achèvement.

Double disparition.

Approcher les choses mais les taire toujours parce que l’important n’est que le chemin parcouru jusqu’à elles.

 

Mouvement perpétuel, peur de l’inertie sans doute.

Les images de pensées sont fixes la plupart du temps, peut être parce que ce sont déjà des images qui nous les inculquent ; visions insufflées comme des souvenirs.

 

J’ai cherché à cacher le réel dans des objets, créer par eux des poches de temps puis le préserver comme on graverait des dates sur des pierres.

Une certaine idée de la pérennité.

Après la filiation, l’a-filiation.

Une culture, hors-sol.

Chercher ce que l’on sait déjà parce que si l’on trouvait autre chose, la tentation serait trop grande d’aller s’y noyer comme dans un verre d’eau, comme d’autres iraient le faire ailleurs.

Forme proposée pour l'exposition Le quatrième mur

Commissariat : Guillaume CONSTANTIN

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